Étant professionnels de l’immobilier, nous rencontrons régulièrement des questions concernant les droits des propriétaires face aux animaux domestiques. Cette problématique touche particulièrement les investisseurs immobiliers, car environ un ménage français sur deux possède au moins un animal de compagnie selon les dernières statistiques de 2023. Comprendre le cadre légal permet d’éviter les malentendus et de sécuriser les relations locatives.
Synthèse :
La réglementation française établit des règles précises concernant les animaux de compagnie en location.
- Interdiction illégale : Les propriétaires ne peuvent pas refuser les animaux domestiques dans une résidence principale, clause considérée comme non écrite par la loi de 1970.
- Exceptions autorisées : Les locations saisonnières, meublés de tourisme et résidences étudiantes peuvent légalement interdire les animaux par clause contractuelle.
- Animaux interdits : Les chiens de première catégorie, NAC dangereux et espèces protégées sans autorisation peuvent faire l’objet d’un refus légitime.
- Obligations locataires : Assurance responsabilité civile obligatoire, respect du voisinage et du règlement de copropriété pour éviter troubles et dégradations.
- Recours propriétaires : En cas de nuisances persistantes, résiliation du bail possible après procédure judiciaire et constitution d’un dossier documenté.
La réglementation française protège fermement les droits des locataires possédant des animaux familiers. Cette protection découle de l’article 10 de la loi n°70-598 du 9 juillet 1970, qui considère comme non écrite toute clause interdisant la détention d’un animal domestique dans un logement de résidence principale.
Que dit la loi concernant les animaux en location
La législation française établit une distinction claire selon le type de contrat de location. Pour les baux d’habitation constituant la résidence principale du locataire, qu’il s’agisse de logements vides ou meublés, l’interdiction des animaux domestiques reste juridiquement inapplicable. Cette règle s’appuie sur la loi du 6 juillet 1989 garantissant aux locataires la pleine jouissance de leur logement.
Nous observons par contre des exceptions notables dans notre pratique professionnelle. Les locations saisonnières et meublés de tourisme échappent à cette protection, permettant aux propriétaires d’interdire légalement la présence d’animaux par une clause contractuelle explicite. Les résidences collectives, notamment étudiantes, appliquent généralement cette interdiction pour des raisons d’hygiène et de tranquillité.
La définition légale des animaux familiers englobe tous les animaux « détenus ou destinés à être détenus par l’homme pour son agrément » selon l’article L. 214-6 du Code rural. L’arrêté du 11 août 2006 précise cette liste : chiens, chats, furets, hamsters, rats, perruches, lapins, poissons et autres rongeurs domestiques.
| Type de location | Interdiction possible | Base légale |
|---|---|---|
| Résidence principale | Non | Loi du 9 juillet 1970 |
| Location saisonnière | Oui | Clause contractuelle |
| Meublé de tourisme | Oui | Clause contractuelle |
| Résidence étudiante | Généralement oui | Règlement intérieur |
Animaux pouvant être légalement refusés par le propriétaire
Certaines catégories d’animaux échappent à cette protection légale. Les chiens de première catégorie (pitbulls, mastiffs, boerbulls) peuvent être explicitement interdits dans le bail de location. Ces animaux, classés comme chiens d’attaque, représentent un risque particulier que nous prenons en compte dans nos projets de rénovation d’immeubles collectifs.
Les chiens de deuxième catégorie (rottweiler, staffordshire terrier) bénéficient d’un statut intermédiaire. Leur présence reste autorisée sous conditions strictes : permis de détention, laisse et muselière obligatoires dans les parties communes. Cette réglementation influence directement nos recommandations d’aménagement des espaces communs.
Les Nouveaux Animaux de Compagnie (NAC) constituent une zone grise de la réglementation. Les espèces dangereuses sans certificat de capacité, les animaux non domestiques venimeux ou les espèces protégées sans autorisation peuvent faire l’objet d’interdictions légitimes. Voici les principales catégories concernées :
- Serpents venimeux et reptiles dangereux
- Scorpions et araignées venimeuses
- Espèces protégées (hérisson, chat sauvage)
- Primates et grands fauves
- Animaux exotiques nécessitant un certificat de capacité

Obligations du locataire et responsabilités
La détention d’un animal domestique impose deux conditions fondamentales au locataire. L’animal ne doit causer aucun dégât à l’immeuble ni provoquer de troubles de jouissance aux autres occupants. Cette responsabilité engage pleinement le locataire, qui doit maintenir la tranquillité du voisinage.
Dans notre expérience de gestion immobilière, nous constatons que les obligations d’assurance restent souvent méconnues. Le locataire doit impérativement souscrire une assurance responsabilité civile couvrant les dommages causés par son animal. Cette précaution protège autant le locataire que le propriétaire en cas d’incident.
Le respect du règlement de copropriété s’impose également. Bien que ce règlement ne puisse interdire la détention d’animaux dans les parties privatives, il peut légalement réglementer leur accès aux parties communes : port de la laisse, utilisation des ascenseurs, règles d’hygiène concernant les déjections.
Aucune obligation légale n’impose au locataire d’informer préalablement le propriétaire de l’adoption d’un animal. Cette démarche volontaire favorise néanmoins de meilleures relations locatives. La loi n’impose également aucune limite quantitative, permettant théoriquement la détention de plusieurs animaux tant qu’ils ne causent pas de troubles.
Sanctions et recours en cas de nuisances
Lorsqu’un animal cause des troubles persistants, plusieurs recours s’offrent au propriétaire. La procédure débute généralement par une mise en demeure du locataire, suivie d’une demande de réparation des éventuels dégâts. Ces démarches amiables précèdent souvent les actions judiciaires.
Les troubles de voisinage reconnus incluent les aboiements incessants, les nuisances olfactives, l’agressivité envers les voisins, les dégradations des parties communes ou le non-respect des règles de copropriété. Notre pratique nous enseigne que la constitution d’un dossier solide (témoignages, mains courantes, procès-verbaux) s’avère indispensable.
En dernier recours, la résiliation du bail pour troubles persistants reste possible. Cette mesure extrême nécessite une procédure judiciaire rigoureuse. Le propriétaire peut également être tenu responsable s’il tolère les nuisances après en avoir été informé, situation que nous rencontrons parfois dans nos suivis de chantiers de rénovation.
La saisine de la justice permet d’obtenir la cessation des troubles sous astreinte ou, exceptionnellement, l’expulsion du locataire. Cette procédure longue et coûteuse souligne l’importance de la prévention et du dialogue dans la gestion locative.
